Après avoir passé en revue les gammes très diverses des poissons-nageurs et celles des leurres souples, nous concluons ce large tour d’horizon des leurres destinés à la pêche du brochet avec ceux par lesquels toute l’histoire avait en fait commencé, il y a bien longtemps : les leurres métalliques. La pêche faisant appel aux leurres modernes (les poissons-nageurs et les leurres souples) n’a en fait pris son essor qu’à partir des années 1980-1990, alors que nos grands-parents pêchaient le brochet à la cuiller.
Pour les pêches rapides
Si certains leurres métalliques n’ont guère évolué depuis leur création (cuillers tournante et ondulante, poisson d’étain, toujours aussi efficace soit dit en passant), d’autres –spinnerbait, chatterbait, jigging spoons, lames, etc.– sont d’apparition nettement plus récente. Tous ont en commun de se prêter admirablement aux pêches rapides, d’émettre des vibrations intenses et brèves, et d’être à l’épreuve de la dentition du brochet. Voici notre tour d’horizon.
La cuiller tournante
Ce leurre hyper classique a pris des millions de brochets. Moins utilisée de nos jours, en raison de la concurrence, la tournante gagne à être essayée quand les conditions s’y prêtent car les brochets ont nettement moins l’habitude d’en voir passer. C’est presque une nouveauté pour eux ! Compacte et facile à lancer, elle s’utilise exclusivement en lancer-ramener, la pression de l’eau mettant la palette en rotation ce qui génère vibrations et éclats lumineux. La résistance à la traction dépend de la forme et de la taille de la palette ce qui, avec les couleurs possibles, permet de varier les propositions presque à l’infini, surtout si on ajoute un trailer (pompon en laine, touffe de bucktail, leurre souple). Ses points forts sont le prix, une réelle attractivité et une grande simplicité d’utilisation. Ses faiblesses sont la tendance à vriller le fil et une évolution limitée aux eaux assez peu profondes. Défauts qui peuvent être atténués avec l’usage de plombs excentriques anti-vrilleurs agrafés en tête.
L'ondulante
Même si elle n’a jamais été aussi populaire que la tournante, car plus technique à utiliser, l’ondulante a une réputation de leurre à gros poissons. Il est vrai que sa taille peut être imposante, que les pulsations sont puissantes (simulant une proie plus grosse) et que sa nage désordonnée déclenche des attaques de réaction. On peut l’utiliser en lancer-ramener ou par tirées-relâchés car c’est un leurre qui pêche très bien en chute libre. La variété de formes, galbes et épaisseurs de tôle aboutit à un vaste choix d’actions, de performances de lancer et de profondeurs de nage. Les modèles étroits, peu galbés et épais, coulent vite et ont assez peu d’action, mais se lancent très loin et pêchent profondément. Inversement, les modèles plus larges, fins et très galbés ont une nage exubérante mais ils se lancent mal et s’enfoncent très peu.
Le buzzbait
Voilà un leurre de surface… coulant, ce qui n’est pas très commun ! Sur le même principe que le spinnerbait, la cuiller est remplacée ici par une hélice offrant une forte résistance à la traction. À la récupération, le leurre remonte en surface et y reste, l’hélice battant l’eau. Vacarme et traînées de bulles garantis ! On peut l’utiliser sur les herbiers, c’est même sa vocation première. Bien qu’en apparence un brin fantaisiste, le buzzbait est en fait un vrai leurre à gros poissons.
La jigging spoon
Ce genre d’ondulante très dense est spécifiquement conçue pour pêcher à dandiner, un peu comme le poisson d’étain de nos aïeux (qui reste d’ailleurs une valeur sûre). On l’utilise sous la canne par tirées sèches, en donnant un peu de mou à la redescente pour lui permettre de virevolter. Cette nage désordonnée et insistante a le don d’énerver et il n’est pas rare que ce type de leurre arrive à faire craquer des brochets qui refusent toute autre offre. Leurre pour pêcher en bateau, certains modèles un peu plus planants peuvent s’employer à distance par sauts sur le fond. Mais gare aux accrocs.
Le chatterbait
D’apparition plus récente, cet excellent leurre à brochet est un swimming jig équipé en tête d’une palette qui oscille fortement à la récupération. Les vibrations ultra-rapides sont intenses, comparables à celles d’un crankbait. Le poids de la tête plombée varie de quelques grammes à 28g, pour s’adapter à différentes profondeurs, 14g étant passe-partout. Le chatterbait s’utilise presque exclusivement en lancer-ramener assez rapide. C’est un leurre de réaction par excellence, à mi-chemin entre cuiller tournante et spinnerbait. Très simple d’utilisation, il passe assez bien dans les herbiers que sa lame vibrante arrive à couper surtout si on donne un coup de poignet sec.
Le tail spinner
Ce leurre est composé d’un lest métallique (plomb ou autre) imitant un poissonnet suivi d’une cuiller tournante raccordée par un émerillon. Conçu pour pêcher les chasse lointaines, c’est un leurre très dense qui se lance très loin. On l’utilise en lancer-ramener mais on peut également le laisse couler, l’animer en dents de scie pour des prospections plus profondes.
La lame vibrante
Versions 100% métallique du lipless crankbait, les lames sont des leurres très vibrants et attachés par le dos. Plutôt considérées comme des leurres à percidés, les lames conviennent aussi au brochet, notamment dans les grandes tailles. À l’instar des jigging spoons, elles ont même le chic pour l’énerver. On les utilise aussi bien en lancer-ramener que par animations plus ou moins sèches, en dents de scie, entre deux eaux ou près du fond. La plupart des lames ont plusieurs trous de fixation (l’agrafe est donc ici indispensable) qui permettent de modifier l’intensité de ces vibrations.
Le spinnerbait
Le principal concurrent de la cuiller tournante fut l’un des précurseurs de la pêche aux leurres moderne dans les années 1990. La ou les palettes et le corps (tête + jupe + trailer) sont dissociés, chacun étant porté par un bras métallique, le corps servant à la fois de lest et de signal cible. Le gros avantage de ce leurre est qu’il n’accroche quasiment pas, l’hameçon étant protégé par le bras supérieur. Idéal pour les zones de bois mort et d’herbiers. Les palettes longues tirent moins et pêchent plus profondément, les rondes vibrent plus et pêchent plus près de la surface, même si c’est surtout le poids de la tête en plomb qui détermine la profondeur de pêche. Le poids indiqué par les fabricants est le plus souvent celui du plomb seul, de sorte que le leurre est généralement nettement plus lourd qu’annoncé.
Les coloris
Même si les choix des coloris sont moindres avec les leurres métalliques qu’avec les leurres souples ou les poissons-nageurs, ça ne veut pas dire qu’il ne faut pas y prêter attention. Les parties en métal peuvent être plus ou moins brillantes avec, par ordre décroissant une finition chromée, réfléchissante (film holographique), argentée, dorée, cuivrée ou peinte (mat). Par forte luminosité, et en l’absence de vent, des reflets trop intenses peuvent être contre-performants notamment en eau peu profonde. Il arrive même qu’une palette noire donne de meilleurs résultats. Mieux vaut donc disposer d’un choix de couleurs, brillances et styles (par exemple lisse ou martelées) pour essayer de s’adapter au mieux à diverses situations.