Quand on évoque Mequinenza, on se réfère surtout à l’immense lac de Caspe, sur l’Èbre, surnommé Mer d’Aragon. C’est en effet de loin le plus connu. Celui de Ribarroja, qui nous intéresse ici, est beaucoup moins imposant puisqu’il ne mesure «que» 38 km. Il s’étend sur 2150 ha du village de Mequinenza, à la confluence de l’Èbre et de la Sègre, jusqu’à celui de Riba-Roja d’Èbre qui lui donne son nom. Rive droite, le lac reçoit un affluent formant un bras de plusieurs kilomètres, le Rio Matarraña. L’endroit est typique, alternant falaises tabulaires calcaires et paysages méditerranéens, avec des champs d’oliviers, d’amandiers et de cerisiers.
Des blancs en pagaille
Le régime hydraulique de Ribarroja est particulier puisqu’il fonctionne par éclusées avec des variations de niveau fréquentes mais d’amplitude modeste (40 à 60 cm). C’est une retenue très poissonneuse, riche en poisson fourrage. Ablettes, rotengles et gardons pullulent, ces derniers atteignant plusieurs livres. La carpe est réputée y atteindre des tailles confortables, jusqu’à plus de 20 kg. Cette richesse en poissons blancs, auxquels s’ajoutent barbeaux, tanches et carassins, est d’autant plus remarquable que les carnassiers sont très abondants, y compris le silure. Ceux qui pensent que ce dernier dévore tout sur son passage devraient faire un séjour à Ribarroja, ne serait-ce que pour se rassurer.
Si le sandre est aujourd’hui bien implanté sur la plupart des bassins de la péninsule, la perche est nettement moins répandue car d’apparition plus récente. Celui de l’Èbre est actuellement le plus intéressant pour les amateurs ou pour qui aime panacher sandre et perche. Ribarroja m’a fait une excellente impression quant à la taille moyenne des prises qui se situait autour de 40 cm avec de nombreux sujets de 40 à 45 cm. Durant mon séjour, j’ai vécu un moment de frénésie au coup du matin. Juste devant le ponton du camping, sous un gros banc d’ablettes, j’ai pris une douzaine de perches de plus de 40 cm en une vingtaine de minutes, soit quasiment une à chaque lancer !
Au pied des Pyrénées
C’était au printemps dernier et les matinées étaient encore très fraîches, n’oublions pas que nous sommes ici au pied des Pyrénées. Il fallait pêcher assez lentement, essentiellement en grattant aux leurres souples et au drop-shot dans plusieurs mètres d’eau. J’imagine qu’avec des eaux chaudes et des poissons plus actifs, il doit y avoir moyen de se régaler de pêches rapides ou aux leurres de surface. Bien que nous n’en ayons pas touchés Yvan, mon guide, m’a certifié que les sujets de 50 cm n’étaient pas rares, leurs captures se faisant par périodes. Pour ce qui concerne le sandre, là aussi la population m’a semblé très correcte et équilibrée, avec des prises de tailles variables. Du petit bien sûr mais aussi pas mal de sujets autour de 60-65 cm et un joli 82 cm. Mon guide a fait état d’un sujet de 91 cm, capturé l’hiver précédent à l’occasion d’une crue. L’eau étant encore assez froide la reproduction n’avait pas commencé. La profondeur de tenue des sandres s’est avérée variable, de quelques mètres à douze mètres. Bien que je n’aie pas vraiment tenu les comptes, j’estime que nous avons touché à peu près autant de sandres que de perches, les populations semblant se tenir même si, bien entendu, elles doivent sans doute varier selon le degré d’activité propre à chaque espèce.
Des pêches somptueuses à venir
Les scores étaient de l’ordre de 20 à 25 poissons par jour, perches et sandres confondus. Sachant que mars est rarement la meilleure période pour la pêche des carnassiers ibériques (eaux encore fraîches, moindre activité), ça laisse présager des pêches somptueuses en période faste, avec des eaux plus chaudes et des poissons au top de leur métabolisme et de leur agressivité. Pour ce qui est des autres carnassiers, les prises de brochet sont anecdotiques mais il y a moyen de s’intéresser spécifiquement au black-bass et bien sûr au silure. Le premier est bien présent même s’il semble souffrir de la concurrence des percidés. J’en ai vu plusieurs de belle taille (plus de 40 cm) parfois en groupes mais assez localisés dans les secteurs peu profonds, les baies encombrées, et plutôt méfiants. La période n’étant pas spécialement favorable nous n’y avons consacré que quelques heures, improductives d’ailleurs. Je vais donc rester prudent dans mon évaluation. Mon sentiment est que la population de black-bass semble honorable, par rapport à ce que nous connaissons en France, mais pas au point de justifier qu’on vienne ici juste pour ça. En revanche, il y a moyen de s’y intéresser pour varier les pêches et les plaisirs à l’occasion d’un séjour orienté percidés.
De très gros silures
Quant au silure, j’ai clairement fait l’impasse sur cette espèce et n’ai enregistré aucune prise accidentelle, l’eau encore froide n’ayant pas aidé. Il est activement recherché par les pêcheurs allemands, très présents sur Ribarroja, au point qu’on trouve plusieurs camps de pêche 100% germaniques autour du lac et que la majorité des bateaux que nous avons croisés en étaient. Il se prend ici de très gros sujets, notamment au confluent Sègre-Èbre, lieu mythique pour les amateurs de gros silures. Il se dit que le déversement quotidien, toute l’année, d’énormes quantités de pellets expliquerait les tailles atteintes par les silures sur ce secteur amont. Un mot maintenant sur les conditions de pêche. Ribarroja est un lac où ça accroche vraiment beaucoup. Il y a des arbres noyés un peu partout avec, par endroits, d’anciens champs d’oliviers engloutis. Inutile de préciser qu’il faut s’attendre à perdre des leurres et donc prévoir une bonne réserve. De mon côté, j’ai résolu le problème en pêchant le plus souvent en drop-shot texan ou avec des triples anti-bois à élytres.
Des eaux teintées
Autre fait notable : l’eau peut être parfois assez teintée sur le bras principal (Èbre), probablement en raison des marnages fréquents. Tandis que sur le bras du Matarraña, elle est au contraire assez claire, voire cristalline dans le secteur amont. Ça ne semble pas avoir d’incidence particulière sur la pêche et le positionnement des poissons, nous en avons touchés un peu partout. Il m’a quand même semblé que les ablettes étaient plus abondantes sur le Matarraña. Ceci dit, en lac de barrage, les arrivées d’eau sont toujours des zones plus riches qui concentrent le poisson blanc. Côté réglementation, comme toujours en Espagne, ça n’est pas très simple ! Le lac de Ribarroja étant à cheval sur l’Aragon et la Catalogne, elle peut varier d’un secteur à l’autre. La traîne est, par exemple, interdite côté aragonais mais autorisée côté catalan.
Deux permis... c'est plus simple !
De même, les droits de pêche dépendent de la rive prospectée. Le plus simple est de prendre les deux permis, notamment pour la pêche en bateau puisqu’on ne sait jamais trop sur quel coto (lot de pêche) on se trouve. Le camping s’occupe des permis et tickets journaliers sur demande (voir renseignements pratiques plus bas).
Renseignements pratiques
RÉGLEMENTATION
- Permis bateau au-delà de 15CV
- Pêche au vif : interdite
- Pêche au poisson mort : interdite (sauf sardine)
- Tailles légales : aucune
- Quotas : aucun
- Ouverture : toute l’année
VOYAGE
- Barcelone : 220 km avec transfert A-R en taxi possible
- Andorre : 220 km
- Lourdes : 300 km
- Perpignan : 400 km
PERMIS DE PÊCHE
- Catalogne et Aragon 15€ pour 15 jours
- Ticket journalier: 6€ chacun
IMMATRICULATION BATEAU
- Gratuite mais obligatoire
- Délais assez longs
- Renseignements : CHE Confederacion Hidrografica del Ebro Site : www.chebro.es (cliquer sur Navegacion)
GUIDE DE PÊCHE
- Yvan Bedenes Tél. +34 6 33 36 63 33
CAMPING
- Hébergement : mobile-home
- Tarifs : à partir de 60€ la nuit (en basse saison)
CONTACT
Camping Port Massaluca
- Tél. +34 9 77 26 30 90
- Site : camping-portmassaluca.es/fr
- E-mail : book@camping-portmassaluca.es