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L'hydrologie d'un cours d'eau : débits, crues et étiages

Une crue modérée peut se révéler plutôt bénéfique pour une rivière et ses habitants. 

Crédit photo Marc Delacoste
Crues violentes, étiages marqués, les débits des rivières semblent connaître des variations de plus en plus intenses. Ces fluctuations ont évidemment de grosses conséquences sur les habitats des poissons. En effet, l’hydrologie est un paramètre particulièrement essentiel vis-à-vis de la dynamique des populations de truites.

L’hydrologie désigne la façon dont le débit varie dans un cours d’eau donné, pendant des périodes plus ou moins longues. Elle fait partie des paramètres importants qui vont déterminer la nature de l’habitat piscicole.

Deux composantes

Son action sur une population de poissons s’effectue principalement à travers ses deux composantes principales que sont les crues et le débit d’étiage. Les crues peuvent être bénéfiques ou catastrophiques pour une espèce comme la truite, par exemple. C’est selon leur importance et la période à laquelle elles surviennent. Tant qu’elles restent modérées, elles sont plus positives que négatives. Lorsqu’elles surviennent en début d’automne, elles contribuent à nettoyer les frayères des sédiments qui s’y sont peu à peu accumulés. Elles favorisent également les déplacements des juvéniles depuis l’amont, s’ils y sont en quantités, vers l’aval où ils trouvent de la place et des conditions de croissance plus favorables. Les crues modérées sont également bénéfiques en transportant de nombreuses proies, créant de formidables opportunités alimentaires dont savent parfaitement profiter les poissons.

Les secteurs sensibles

À débit égal, l’impact d’une crue sera d’autant plus fort que la rivière n’a pas la possibilité d’augmenter en largeur ou de trouver des bras secondaires de décharge réduisant les vitesses d’écoulement. Ainsi, les secteurs de gorges, ceux encaissés ou simplement «contraints » sont de loin les plus sensibles et vulnérables aux crues. À l’inverse, là où la rivière peut s’étaler ou possède des bras secondaires, la crue sera moins ressentie. D’où l’importance, chaque fois que c’est possible, de ne pas contraindre une rivière pour pouvoir, au contraire, lui laisser une grande liberté avec des possibilités d’expansion.

L’eau captée de façon inconsidérée va finir par cruellement manquer dans une rivière. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Des conséquences

Une crue sera néfaste si elle est trop importante ou quand elle survient au mauvais moment. Pour la truite encore, celles de fin d’hiver et de tout début de printemps sont problématiques, par exemple. Au moment où les alevins sont encore dans les frayères à résorber leur vésicule ou lorsqu’ils en sortent juste, elles peuvent entraîner une mortalité importante et ainsi avoir de lourdes conséquences sur le recrutement futur (voir encadré). Une crue trop forte va mettreen mouvement des éléments du lit. Les bancs de graviers se déplacent, certaines fosses se bouchent, d’autres se creusent, des bras s’ouvrent, alors que d’autres se réduisent ou se ferment. Parfois, de gros blocs rocheux bougent sur plusieurs centaines de mètres et toute la rivière change. Ces crues, qui sont dites morphogènes, sont nécessaires au bon fonctionnement des cours d’eau, mais impactent fortement les poissons.

L’influence sur le recrutement

Dans une rivière pyrénéenne, on a pu mettre en relation le débit maximum survenu pendant la période sensible (janvier à avril) et la densité d’alevins observée en septembre. On constate que lorsque le débit dépasse 40 m3/s pendant cette période, la densité d’alevins observée est trois fois moindre qu’en situation moyenne. Chaque rivière possède évidemment sa propre valeur seuil en fonction de ses caractéristiques.

Les rivières avec des bras secondaires sont nettement moins vulnérables aux crues.
Crédit photo : Marc Delacoste

Le débit d'étiage

À l’inverse de la crue, le débit d’étiage (débit moyen le plus bas) est l’autre grande composante de l’hydrologie d’un cours d’eau. De ce point de vue, les rivières ne sont pas à égalité. Celles qui prennent leur source à des altitudes élevées et possèdent des régimes hydrologiques influencés au moins partiellement par la neige possèdent des débits d’étiage soutenus. Ce qui n’est pas le cas des autres, les précipitations augmentant en effet avec l’altitude. Les effets du débit d’étiage sont simples à appréhender : réduction de la largeur en eau et de la profondeur ayant pour effet d’exacerber les phénomènes de compétition entre les poissons, ralentissement des écoulements avec diminution de l’apport de proies, réchauffement de l’eau et création au final d’une sorte de valeur plancher de la capacité d’accueil de la rivière. C’est à la fois sa valeur et sa durée qui déterminent ensuite l’impact du débit sur les populations.

Cette rivière corsetée serait bien incapable de résorber une montée d’eau trop violente. 
Crédit photo : Marc Delacoste

L'activité humaine

De nombreuses activités humaines peuvent influencer l’hydrologie d’un cours d’eau. L’impact des captages, quels qu’ils soient, sur les débits d’étiage en est un exemple évident. L’irrigation en est le symbole, mais n’oublions pas l’hydro-électricité ou encore les captages de sources destinés à l’adduction d’eau potable, qui ne cessent d’augmenter sous l’effet conjugué d’une demande croissante et de réseaux de transport vieillissants, criblés de multiples fuites. Et bien d’autres activités sont plus pernicieuses. Les innombrables drainages dont ont fait l’objet la plupart des cultures illustrent parfaitement ce phénomène. En évacuant au plus vite l’eau des sols, ils les empêchent de jouer leur rôle d’éponge et de restituer, en période de sécheresse, l’eau qu’ils ont pu stocker. Ce faisant, le drainage aggrave aussi bien l’intensité des crues que celle des étiages.

Tout ce qui contraint le lit d’une rivière pose problème en cas de crue. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Corsetées

Et que dire du corsetage de nos rivières par d’innombrables digues et protections de berge ? En empêchant toute augmentation de largeur lors d’une montée d’eau, elles rendent la rivière plus vulnérable aux crues : si celle-ci ne peut s’étendre et gagner en largeur, elle n’a pas d’autre choix que d’encaisser des vitesses plus importantes, et les truites avec. Ainsi, le seuil à partir duquel une crue peut avoir un impact s’abaisse et ces impacts sont plus importants à débit égal. Enfin, n’oublions pas l’imperméabilisation des sols, problématique croissante et très préoccupante. On considère en effet qu’une surface équivalente à celle d’un département français est artificialisée à l’issue de chaque décennie.

Quand une rivière est dans cet état de colère, on imagine les dégâts sur les populations. 
Crédit photo : Marc Delacoste

Trop imperméables

En outre, certaines pratiques agricoles conduisent également à rendre les sols imperméables. Des études ont montré qu’une augmentation de 10 à 20% de ces surfaces peut doubler les pics de crue d’un même cours d’eau !

Les régimes hydrologiques

La situation géographique, déterminant le contexte géoclimatique, mais aussi l’altitude de ses sources et la nature du bassin-versant influencent fortement l’hydrologie d’une rivière. Afin de mettre un peu d’ordre dans cette forte variabilité naturelle, les scientifiques ont créé une typologie précise des régimes hydrologiques. La plupart de nos rivières de métropole possèdent ainsi un régime de type pluvial (c’est-à-dire influencé par la pluie) ou pluvio-nival (pluie et fonte de neige). Certaines, dans les Alpes, sont caractérisées plutôt par des régimes de type glaciaire (fonte de glaciers).

L’étiage est une phase critique. Des niveaux trop bas trop longtemps vont mettre en danger la faune aquatique.
Crédit photo : Marc Delacoste

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