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Ouverture truite : la pêche à la mouche noyée, une tradition

Depuis mes débuts, ou presque, je fais l’ouverture de la truite en mouche noyée. Après toutes ces années, je décide de prendre un peu de recul et de m’interroger sur les raisons qui m’ont poussé à faire de cette technique une habitude.

Quand on parle d’habitude, vient tout de suite à l’esprit la notion de rite. Et c’est bien de cela dont il s’agit dans un premier temps. Année après année, ouverture après ouverture, un rituel s’est établi qui m’a vu choisir mes armes et mon terrain de jeu bien avant le jour J. C’est d’abord l’inspection, l’entretien et le remplacement, le cas échéant, du matériel. Cela peut se faire tout au long de la longue fermeture. Le choix de mon terrain de jeu, en revanche, ne peut se décider qu’au dernier moment. Si je suis resté fidèle, pour ce jour d’ouverture, à la Sioule de ma jeunesse, à ses parcours à cheval sur la première et la seconde catégories, une dizaine de kilomètres tout au plus, ce spot d’ouverture, lui, ne sera choisi qu’au dernier moment. Il sera fonction de la météo, du niveau d’eau, de la fréquentation des lieux et de mon humeur.

Les grands pools se peignent facilement avec un train de noyées.
Crédit photo : Herlé Hamon

La régularité des courants

Rituel sans doute, mais qui s’explique par la configuration de la rivière sur les parcours choisis. C’est sur les longs plats glissants de la Sioule que j’ai fait mes premières armes. La régularité de ses courants entrecoupés de fosses plus profondes, les alternances de parties dégagées et de berges plus encombrées, tout cela concourt à en faire des parcours idéaux pour la pratique de la noyée. Et je me souviens d’ailleurs d’un confrère, rencontré lors de mes premières sorties, qui m’avait déclaré que la Sioule était l’exemple même de la « rivière à mouche noyée ». Sans doute m’avait-il, sans le vouloir, influencé et convaincu de poursuivre dans cette voie. Pendant longtemps j’ai eu l’habitude d’utiliser une canne en bambou refendu et une soie parallèle naturelle. Je trouvais que cet ensemble me permettait de bien contrôler la dérive et, surtout, que je perdais moins de poissons à la touche et au combat qui suivait. J’ai changé d’avis après m’être fait confectionner une canne « à ma main » par un détaillant de mes amis. Plus légère mais presque aussi parabolique que ma vénérable P&M, elle permet d’aussi belles dérives et réagit parfaitement à la touche. J’ai mis longtemps, également, à abandonner ma soie naturelle pour des lignes de différentes densités plus adaptées à la variété des parcours pêchés. Même si, en ce jour d’ouverture, je sais à l’avance quelle ligne j’utiliserai, je suis rassuré de savoir que d’autres sont à ma disposition au cas où !

Une touche soudaine, un coup de fusil pour cette belle truite qui a pris la sauteuse.
Crédit photo : Herlé Hamon

Un frein réglé tout doux

J’ai conservé, en revanche, l’usage d’un moulinet manuel. Une fois le frein bien réglé, c’est lui qui va encaisser le choc de la touche et donnera, si nécessaire, les premiers mètres de ligne avant que j’en reprenne le contrôle. Rituel, peut-être aussi, l’habitude d’utiliser les trois mouches autorisées et de toujours choisir les mêmes pour commencer: pallareta en pointe, black pennel en intermédiaire et peute en sauteuse. Outre l’effet teaser que produit cet ensemble, la diversité des modèles recouvre un large spectre de proies possibles pour les truites. Et puis, ça ne se discute pas, ce sont mes préférées ! Mais plus que le matériel utilisé, plus que la technique elle-même, ce qui compte pour moi, ce qui explique mon attachement à la mouche noyée en ce jour d’ouverture, c’est le geste retrouvé et, peut-être aussi, l’atmosphère qui s’y attache. Pas de faux-lancers impétueux, juste un arraché et un posé trois quarts aval, une fois la bonne longueur de ligne trouvée, puis une dérive contrôlée jusqu’au moment, parfois fatidique, où la ligne termine sa boucle. Pointe de la canne dirigée vers l’eau, j’attends quelques secondes en animant les mouches par un double mouvement avant arrière et latéral avant de reprendre, pas après pas, la descente.

En harmonie avec la rivière

Dans l’eau jusqu’aux genoux, tout entier attentif au contrôle de la ligne, je me sens alors en harmonie avec la rivière, ses courants, ses obstacles, ses bordures. Certes, il faut veiller sans arrêt au juste équilibre entre tension et relâchement tout au long de la dérive, mais cela se fait sans vraiment y penser : les gestes essentiels ne s’oublient pas d’une saison à l’autre! Et, même si on s’y prépare, la brutalité de la touche viendra nous tirer, le cas échéant, de la rêverie qui pourrait s’installer. Car c’est ce moment, ce coup de fusil dans le bras, qui nous récompense de tous les petits tracas que peut procurer une ouverture parfois précoce: une attente trop longue, des eaux trop hautes, un froid mordant, un vent trop fort. En début de saison je me contenterai d’un ou deux poissons remis à l’eau après un beau combat, si les truites ont pu suffisamment récupérer de la fraie automnale. Il m’est aussi arrivé de tomber sur un paquet de poissons issus d’un repeuplement introduit peu avant l’ouverture. La cadence des prises, dans ce cas, compense la taille, souvent identique, et la défense un peu moins vigoureuse, de ces poissons. Et je me refuse à traiter par le mépris ces truites qui ont été élevées, nourries, sélectionnées et transportées jusqu’à la rivière. Ce serait méconnaître le travail et le dévouement de ceux qui se sont attelés à cette tâche. Et puis, sans ces poissons, beaucoup de nos eaux... Mais cette ouverture en noyée, si elle relève d’un rituel élaboré au fil des ans, peut parfois présenter ses petites surprises. Tel ce coup de midi, il y a quatre ans, quand la rivière s’est tachetée de gobages, espacés certes, mais réels. Auquel cas je monte vite une sèche bien sûr !

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