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Réservoir : stratégies de début de saison

Crédit photo Grégoire Juglaret
Les journées sont plus courtes, les températures extérieures à la baisse, la saison rivière touche à sa fin, c’est le moment de reprendre les routes des réservoirs !

Bien que les poissons présents dans l’immense majorité des plans d’eaux n’en soient pas natifs, il ne faut pas oublier qu’ils sont des êtres vivants, à sang froid et qu’ils réagissent selon ce que leur imposent leur besoin primaire, pour perpétuer l’espèce. Ils doivent donc s’adapter aux conditions du milieu.

A. Le rythme de vie des poissons en fonction des paramètres du milieu

Un poisson, quelle que soit son espèce, ne peut vivre que dans un milieu qui lui est adapté selon certaines caractéristiques telles que les températures, le taux d’oxygène dissout (taux en partie lié à la température), pH, etc. Pour ce qui nous intéresse dans ces lignes, concentrons-nous sur la truite arc-en-ciel qui peuple majoritairement nos réservoirs. Comme tous les êtres vivants, et particulièrement les animaux à sang froid, les truites ont un métabolisme qui évolue selon une multitude de paramètres dans le milieu, et notamment la température et le taux de dioxygène dissous. Si on s’intéresse à la température, facteur prédominant dans l’activité alimentaire de la truite, la plage idéale de température pour favoriser son activité (et de ce fait sa croissance) se situe entre 10 °C et 15,5 °C (source : Fish hatchery management/Robert G. Piper). 

Température optimale pour la croissance des salmonidés les plus représentés dans les réservoirs français.
Crédit photo :

Pour ce qui est du dioxygène présent dans l’eau, il provient de la dissolution de l’O2 de l’air et de la photosynthèse des algues et des plantes vertes et il est consommé par l’ensemble des êtres vivants présents dans le plan d’eau. Plus la température augmente, plus le taux d’ O2 va baisser. 

Variation du taux de dioxygène dissous en fonction de la température.
Crédit photo :

Lors de la variation de ces paramètres, les truites auront une activité alimentaire différente. Si les conditions sont optimales, les poissons seront actifs, sinon, les truites réagissent en limitant les prélèvements – moins de nourriture, moins de mouvements. Dans les pires conditions, elles se mettraient en « mode survie », complètement apathiques, l’énergie qu’elles dépenseraient à s’alimenter étant supérieure à celle apportée par l’alimentation, attendant des jours meilleurs pour reprendre une activité normale. Ce ralentissement du rythme de vie et du métabolisme des truites est parfaitement raccord avec le reste de l’environnement, puisque par températures basses, l’ensemble de l’écosystème aquatique tourne au ralenti, et que, de ce fait, la nourriture disponible est relativement limitée ! Eau très froide, absence de nourriture naturelle, métabolisme ralenti… Pêche lente avec des mouches incitatives ! C.Q.F.D.

B. Profondeur de pêche

En fonction de la température de l’air, la température de l’eau de surface varie, ce qui entraîne une modification de sa densité. 

Densité de l’eau en fonction de sa température.
Crédit photo :

De ce fait, en lac, notamment les plus profonds, la température de l’eau n’est pas égale dans l’ensemble de la colonne et se répartit selon sa densité, l’eau la plus dense (à 4 °C) se trouvant au fond du lac. 

Stratification thermique en plans d’eau (source : eaufrance.fr)
Crédit photo :

À l’automne, avec la chute des températures, la surface de l’eau va se refroidir et gagner en densité dès lors qu’on atteindra les 10 °C. Le plan d’eau va donc se « renverser », ce qui occasionnera un changement de turbidité temporaire, mais permettra de faire descendre l’oxygène de la couche de surface vers la profondeur. 

Renversement du plan d’eau en Automne (source : eaufrance.fr)
Crédit photo :

Il faudra donc trouver la profondeur la plus confortable pour le poisson, pour y faire passer ses mouches.

Pour les pêches lentes, on cherchera une soie avec le minimum d’élasticité possible. Un fuseau long limitera l’inertie et permettra de détecter de touches fines.
Crédit photo : Anthony Desplat

C. Les techniques à mettre en place

Partant du constat précédant, nous allons chercher à adapter notre pêche à l’activité des poissons en fonction des conditions du milieu. À l’automne, la chute des températures va dans un premier temps, pour les lacs les plus chauds, rétablir des conditions confortables pour les salmonidés (entre 15 °C et 10 °C), puis ralentir leur métabolisme par températures plus basses. À nous de suivre ces variations pour adapter au mieux notre pêche.

1. Pêche à vue

En début de saison, on retrouvera régulièrement des poissons à proximité immédiate de la surface, notamment lors des journées chaudes qui viennent après un épisode de froid, les poissons recherchant une zone de confort en matière de température et d’oxygène.
• Canne : Pour être rapide et précis, on utilisera en général une 9’. Cependant, si le milieu est encombré, ou s’il y a peu de recul, une 10’ sera parfaite, notamment pour faire des lancers roulés et autres spey cast. La longueur donnera également un peu de douceur et tolèrera, à puissance égale, de descendre un peu dans les diamètres.
• Soie : Afin d’avoir un peu de douceur, on privilégiera des WF avec des fuseaux un petit peu longs, pour éviter une trop grosse prise à l’eau au niveau du ventre de la soie, ce qui limiterait l’utilisation des diamètres fins et retarderait le ferrage du fait de l’inertie. Exemples : Lee Wulff TT Long belly, JMC Symbole R2T, Cortland 444 Sylk.
• Bas de ligne : J’aime beaucoup utiliser des bas de lignes progressifs pour cette technique, qui permettent beaucoup de discrétion et se marient parfaitement avec ce type de soies. 


Crédit photo :

Le nylon fera planer la mouche à la descente et ajoutera de l’élasticité afin de limiter les risques de casse et de décroche. Si l’on utilise un fil de couleur aux 20 centièmes, ce bas de ligne nous permettra de détecter la touche au fil si l’on devine juste le poisson sans le voir parfaitement. Attention à bien graisser le bas de ligne pour être réactif et à bien dégraisser la pointe pour ne pas brider la mouche. La limite de ce bas de ligne sera sur les postes exposés au vent. Dans ce cas-là, et si la pêche à vue est toujours praticable, l’emploi d’une queue-de-rat de 360 (hors pointe) sera parfait !

2. Pêche au Bung

À première vue, cette pêche au bouchon est loin d’être « sexy ». Cependant, aux périodes de très faible activité, elle prend tout son sens et requiert d’être très précise pour en tirer le meilleur. Entre choix des mouches, et prospection des profondeurs, il est souvent délicat de trouver la bonne combinaison, mais une fois que ces différents paramètres sont réglés, le rythme des touches peut être très soutenu, et le plaisir de voir s’enfoncer le bung, décuplé.
• Canne : C’est un montage assez lourd à envoyer. De ce fait, il est nécessaire de pêcher avec une canne puissante, généralement de 7 ou de 8, assez rapide, pour être efficace au ferrage. Une longueur de 10’ permettra de lancer un montage de 2, voire 3 mouches, parfois très espacées, pas trop compliqué à utiliser.
• Soie : Du fait de l’emploi de mouches lourdes et/ou volumineuses, on utilisera une soie de 7 ou de 8 avec un fuseau très décentré en tête, pour que le montage soit facile à envoyer. L’inertie créée par le ventre de notre soie permettra ici, contrairement aux pêches fines, d’assurer le ferrage. Exemple : Lee Wulff TT, Airflo forty plus extrem, JMC Perfection.
• Bas de ligne : Ultra-rudimentaire de conception, il est extrêmement important de le construire de cette manière, sans quoi, c’est un désastre à lancer !

Dans le cadre de l’utilisation de 2 « nymphes », on fera une potence d’une longueur d’une dizaine de centimètres et on utilisera une mouche d’une densité relativement neutre pour être bien prise en bouche. La mouche de pointe, quant à elle, devra être lestée et nous servira à tendre le bas de ligne bien à la verticale. Le fluorocarbone nous aidera à l’immersion du montage.

3 Pêche au streamer

C’est LA pêche de prospection par excellence ! Elle permet de pêcher « vite », de trouver la zone d’activité principale, la profondeur de pêche, les coloris, les vitesses… Pour après s’adapter précisément. On jouera sur la densité des soies pour trouver la profondeur des poissons actifs. Rappel, la vitesse de plongée n’a rien à voir avec le poids de la soie, une WF7 pouvant être flottante ou plongeante à différentes vitesses comme le rappelle le tableau suivant :

En règle générale, en France, nous utiliserons l’Intermédiaire pour pêcher le premier mètre, la S3 pour prospecter toute la couche d’eau, la S5 pour poser la soie sur le fond.
• Canne : Une 10’ sera parfaite pour contrôler un long bas de ligne et/ou plusieurs mouches. Le bras de levier permettra de lancer facilement, notamment quand nous aurons peu de recul et que le roulé sera obligatoire.
• Soie : Du fait qu’on pratiquera une pêche lente, on cherchera une soie avec le minimum d’élasticité possible. Un fuseau long limitera l’inertie et permettra de détecter des touches fines. Son numéro dépendra du nombre de mouches à envoyer ou du volume de ces dernières. En général :

• Bas de ligne :

Le fluorocarbone prend doublement son intérêt dans les pêches lentes. D’une part, il va s’immerger naturellement du fait de sa densité, d’autre part, sa rigidité permettra de transmettre efficacement les petites touches qu’on peut déclencher lors des pêches lentes, voir statiques.

4. Pêche au booby

Dès lors que les conditions sont extrêmes, les poissons gagneront les profondeurs pour trouver des paramètres stables et à peu près confortables pour leur métabolisme. Dans ce cas, pas besoin de tergiverser, la pêche lente au booby, très proche du fond s’impose !
• Canne : On utilisera une canne de 9’6 à 10’ La première sera utile à shooter des fuseaux courts (9 à 11 mètres),contrairement à la seconde qui sera plus adaptée aux fuseaux longs (13 à 15 mètres).
• Soie : Dans l’absolu, plus on pêche avec une soie lourde, moins on détectera les touches. De ce fait une WF6 sera plus sensible qu’une WF8, mais limitera l’emploi de gros boobies. Dans la technique initiale, on cherchera à pêcher au plus près du fond, avec des S5 ou plus (cf. tableau). On choisira un numéro de soie de la même manière que pour la pêche au streamer (cf. tableau .
• Bas de ligne :

Il faut faire très attention au booby à être extrêmement concentré, afin de détecter les plus petites touches. Plus le bas de ligne est long, plus c’est difficile ! Rester concentré, garder la soie dans l’axe des anneaux, et ferrer à la soie au moindre grattouillis, sont les clés de la réussite !

La pêche au streamer permet de pêcher « vite », de trouver la zone d’activité principale, la profondeur de pêche, les coloris, les vitesses...
Crédit photo : Anthony Desplat

D. Les mouches

Si l’on part du principe qu’aux vues des conditions, le milieu s’appauvrit en nourriture naturelle, nous allons commencer à jouer sur les mouches incitatives, et là, nous n’avons que l’embarras du choix, et pour les monteurs, la seule limite sera notre imagination. Décriée par certains esthètes, il faut se rappeler que la base de la pêche à la mouche est de capturer des poissons avec des imitations d’insectes, et que lorsque ceux-ci sont absents des plans d’eau, il reste toujours le premier paramètre à remplir ! On se concentrera ici sur quelques modèles pêchant sous l’eau, l’activité de surface étant extrêmement limitée par températures froides.

1. Les « nymphes »

En plus de les décliner dans vos couleurs favorites, deux versions de chacune de ces mouches seront importantes à posséder. Une première, non plombée, pour pêcher à vue et/ou en potence, une seconde, plus dense pour pêcher en profondeur et suspendue sous un bung.
• Le « bonbon » : Imitation d’œuf ou mouche incitative, les avis divergent… sauf pour les truites pour lesquelles ils sont unanimes ! Plombé pour pêcher sous un bung ou non plombé pour pêcher à vue, le bonbon est devenu un incontournable !
• La mop fly : Revendiquée par un grand nombre de pêcheurs en France ou en outre-Manche, plébiscitée par certains, décriée par d’autres, cette mouche se retrouve aujourd’hui dans toutes les boîtes des pêcheurs de réservoir.

2. Les streamers

• Le Zonker : C’est le streamer stable par excellence ! Avec ou sans bille, c’est une mouche extrêmement planante, alliée parfaite des pêches lentes dans l’ensemble de la couche d’eau. En lapin, pour les gros modèles, ou en écureuil pour les plus petits, c’est un incontournable à avoir dans ses boîtes !


• Le Blob : Avec ou sans queue (ici en marabout), cette mouche très compacte a la faculté de pousser beaucoup d’eau en restant une petite bouchée. À l’origine créée pour imiter un amas de daphnies, nourriture importante des truites dans les grands lacs anglais, elle prend toute son utilité chez nous en tant que mouche incitative. En teaser, en train, ou en solo, il ne faut pas oublier de la tester durant la journée.
• Wooly bugger : Avec ou sans bille (dans sa version originale), il sera un allié important, notamment sur les gros poissons. La version light sera principalement à joindre sur une soie Intermédiaire, la version plombée sur la S3. Ce principe permet d’assurer une descente uniforme du montage, ce qui est très important pour ressentir les petites touches lors des pêches lentes.

3 Les Boobies

• Le Blobby : C’est le pendant du blob, auquel on a adjoint des yeux. Il est primordial de jouer sur le contraste entre couleurs des yeux et couleur du corps.


• Le Booby à aile : Mouche très stable, idéal pour les pêches extrêmement lentes. Il est parfaitement possible d’en utiliser 3 sur votre bas de ligne en variant couleurs et tailles des yeux afin de pêcher à plusieurs étages.
• Le Booby à queue : À monter en pointe, la souplesse du bas de ligne permettra à la moindre sollicitation de votre part de faire nager le marabout. D’autres facteurs pourront modifier notre approche, tels que la turbidité de l’eau et la pression atmosphérique, mais si l’on applique ces premiers principes, on pourra déjà cibler beaucoup plus précisément notre action de pêche.

 

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