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L'art de l'approche et du placement

Approcher discrètement les poissons en activité et se positionner au mieux pour lancer et présenter sa mouche dans les meilleures conditions est une des clés de la réussite, bien trop souvent négligée par les pêcheurs. Voici quelques conseils et des petits secrets utiles afin d’optimiser vos chances de succès.

On insiste souvent dans nos articles sur l’importance du choix de la mouche, du bon équilibre du bas de ligne ou encore de la qualité de nos dérives. Mais on oublie parfois que la première étape, qui conditionne dans une large mesure le succès, reste l’approche discrète et le placement idéal par rapport au poisson, afin de présenter sa mouche dans les meilleures conditions. Je suis souvent surpris de constater, en particulier lorsque je pratique en grandes rivières, que bien peu de pêcheurs font l’effort de se déplacer pour mieux se positionner par rapport à un gobage ou à un poisson en train de « nympher » entre deux eaux ou près du fond. Ils attaquent immédiatement, de là où ils se trouvent, et il est bien rare alors que leur placement et leur angle d’attaque soient les meilleurs possibles. Dans le même ordre d’idée, je vois bien souvent des pêcheurs, et en particulier d’excellents lanceurs, attaquer des poissons à plus de 20 mètres sans même se poser la question de savoir s’ils ne pourraient pas s’approcher un peu, voire beaucoup, sans pour autant déranger la truite en activité. Ils oublient sans doute que, quel que soit notre niveau technique, les meilleurs contrôles de dérive se font entre 8 et 15 mètres en moyenne. On ne pêche très loin que quand on ne peut pas faire autrement ! Petits rappels utiles : les poissons se tournent vers l’amont nez face au courant. Ils distinguent bien et d’assez loin les silhouettes qui se détachent sur la rive ou au-dessus de la surface de l’eau, surtout si elles sont en mouvement assez rapide. Ils se montrent également très sensibles aux vibrations, en particulier aux ondes émises par un pêcheur se déplaçant dans l’eau ou aux chocs provoqués par des chaussures de wading heurtant les graviers ou les galets.

En rivière étroite, on pose la mouche à 50 cm ou 1 m au-dessus du gobage et on se prépare immédiatement au ferrage.
Crédit photo : Herlé Hamon

Se déplacer avec précaution

Les enseignements à en tirer sont très simples : éviter de porter des couleurs claires, marcher très lentement en levant les pieds et se déplacer de préférence vers l’amont, ce qui devient indispensable dans les cours d’eau étroits. Une différence certaine existe cependant entre les truites et les ombres. La plupart du temps, les truites en activité naviguent entre deux eaux ou se tiennent immobiles très près de la surface pour intercepter les insectes en dérive. Leur champ de vision est alors excellent et elles repèrent très vite toute anomalie comme une silhouette qui se déplace ou l’ombre d’une soie. Les ombres en revanche se tiennent au fond et leur fenêtre d’observation en surface est assez étendue au niveau du champ axial mais très étroite au niveau du champ latéral. Lorsque l’on se déplace très doucement et précautionneusement, sans émettre de vibrations, on arrive à approcher les poissons de près sans les effaroucher, à condition de se tenir un peu à l’écart de l’axe où ils trouvent.

Avec la truite, une approche lente et discrète se montre bien souvent payante/
Crédit photo : Herlé Hamon

Les pêcheurs en wading, qui restent parfois à la même place, pendant plus d’une heure savent bien qu’il arrive parfois que l’on prenne un ombre « dans ses bottes ». Beaucoup de moucheurs en déduisent que l’ombre n’est pas farouche et qu’il se déplace gaillardement, parfois en bande, vers les troupeaux d’ombres en train de gober. Ils oublient qu’en ne prenant pas de précaution, les vibrations qu’ils émettent préviennent rapidement les salmonidés de leur présence et, même si quelques vieux spécimens particulièrement éduqués se permettent de continuer à gober, ces pêcheurs n’ont pratiquement aucune chance d’en capturer un.

On est rarement placé au mieux quand un gobage se produit, mais avec quelques précautions le succès est au rendez-vous.
Crédit photo : Herlé Hamon

Le placement idéal

Certaines situations ne laissent pas le choix du placement. C’est le cas dans les cours d’eau étroits : on peut changer de spots en se déplaçant sur la rive, bien en retrait – soit vers l’amont soit vers l’aval – mais on pêche toujours en se dirigeant vers l’amont et on lance également vers l’amont. Si on doit rentrer dans l’eau car la rive n’est pas suffisamment dégagée pour pouvoir lancer, il faut être le plus discret possible et se déplacer très lentement. Cependant, même dans ces petites rivières, il faut toujours chercher un angle d’attaque idéal pour poser sa mouche et obtenir la bonne dérive. Dès que l’on peut trouver un angle, ne serait-ce que de dix ou vingt degrés, qui évite le lancer et le posé « franc amont », c’est mieux. La raison en est simple : le risque de coiffer le poisson avec le bas de ligne ou, pire encore, avec la pointe de la soie, est ainsi limité. Il faut parfois jeter un coup d’œil derrière soi pour repérer le bon angle ou une « trouée » entre la végétation de la rive pour pouvoir déployer la ligne vers l’arrière. Les lancers en revers, latéraux ou horizontaux rendent ici de précieux services. Pour avoir vu « l’artiste » à l’œuvre lorsque j’étais jeune, je peux vous dire que le revers horizontal qu’utilisait Jean-Louis Poirot dans ce type de rivières (Bès, Colagne, Chapeauroux...) – où il semblait pousser devant lui sa soie avec le poignet toujours près du sternum, en remontant très lentement le cours d’eau –, est absolument parfait : on trouve alors les angles sans problème en se décalant un peu à gauche ou à droite. Souvent, un simple mouvement d’épaule suffit.

En montagne et petite rivière, il est toujours possible de trouver le bon angle d’attaque !
Crédit photo : Herlé Hamon

On se prépare au ferrage

Dans ces petites rivières, on s’adresse aux truites de souche. Inutile donc de faire de longues dérives. On pose la mouche à 50 cm ou 1 m au-dessus du gobage et on se prépare immédiatement au ferrage, la main gauche ne quittant jamais la soie. Dès que l’on a de l’espace, le placement va dépendre du poisson concerné et de divers facteurs comme la configuration du poste et les veines de courant dans l’environnement immédiat du poisson en activité. Sur les lisses aux courants assez réguliers et sans grosses turbulences, le placement idéal est en retrait de l’axe du gobage et légèrement en amont de manière à poser en face de soi ou légèrement en amont et à laisser dériver vers l’aval, ligne assez détendue et scion légèrement relevé. C’est le schéma parfait pour la truite et chaque fois que l’on peut se mettre dans cette situation on optimise notablement ses chances de faire monter le poisson. La seule différence est qu’il faudra poser plus en amont dans l’axe du gobage pour l’ombre que pour la truite. N’en faisons pas toutefois une religion car sur ces grands lisses uniformes, dès que l’on sait maîtriser une dérive, on peut également attaquer en travers et nettement plus en amont.

Les truites sauvages pardonnent rarement les fautes du pêcheur.
Crédit photo : Herlé Hamon

Attention aux turbulences

S’il existe quelques turbulences ou de légers remous entre le pêcheur et l’axe où se trouve le poisson, il pourra continuer à se placer en amont et en retrait du gobage, à condition de maîtriser les posés courbes ou détendus et de savoir positionner correctement sa soie au moment du posé par des tirées de rideau « vers l’amont ». Si vous n’êtes pas à l’aise avec ces gestes, il vaut mieux vous placer de manière à attaquer en lançant en diagonale et vers l’amont. Lorsque de fortes turbulences, des remous ou des contre-courants perturbent vraiment la dérive, placez-vous franchement en aval du gobage, quel que soit votre niveau technique, et attaquez en lançant vers l’amont, avec très peu d’angle, avant de réaliser un posé détendu. Pour la truite il n’y a pas de problèmes techniques majeurs et on pose juste en amont du gobage. La situation peut se compliquer si le poste est très profond car la mouche doit se poser nettement en amont du gobage et dériver sans dragage. Non seulement le posé doit être détendu, voire en parachute, mais il doit être courbe afin que l’ensemble du bas de ligne ne passe pas le premier dans l’axe du poisson. Ces posés courbes ne sont pas du tout faciles à maîtriser et il faut vraiment s’entraîner assez longuement. Mais le jeu en vaut la chandelle. Un petit secret peut vous aider :
• si le courant s’écoule de la gauche vers la droite, pêchez en coup droit et donnez une impulsion assez appuyée sur le dernier lancer avant puis relevez un peu la poignée de la canne en basculant légèrement le scion vers la gauche;
• si le courant s’écoule de la droite vers la gauche attaquez en revers et basculez légèrement la tête du scion vers la droite au moment du posé, en gardant assez haute la poignée de la canne. Essayez, vous verrez, c’est magique ! Et ces posés courbes ainsi que la dérive parfaite qui s’ensuit vous feront prendre des poissons que vous ne preniez pas auparavant.

Il est parfois bon de réfléchir à une stratégie de placement avant d’attaquer un gobage.
Crédit photo : Herlé Hamon

Savoir se placer au mieux quand le gobage se produit

Je suis convaincu qu’une bonne partie des échecs que rencontrent les pêcheurs, et en particulier ceux de grandes rivières, viennent de ces erreurs de placement qui ne leur permettent pas d’effectuer les lancers adaptés et les longues dérives « naturelles ». De la même façon, je suis également persuadé que la plupart d’entre eux attaquent les poissons de beaucoup trop loin au regard de leur niveau technique et de la maîtrise de leur dérive. C’est particulièrement vrai pour les bons lanceurs et pousseurs de soie qui confondent encore lancer et pêcher. Ils feraient mieux de s’approcher discrètement et de se concentrer sur la dérive. Pour la truite le placement est déterminant, d’autant que bien souvent avec elle on n’a « droit » qu’à un seul essai… Autant réfléchir à l’emplacement exact où l’on va se positionner pour ne pas la déranger, pour poser sa mouche au bon endroit et la faire dériver le plus naturellement possible. Dans cette analyse vous devrez non seulement tenir compte de la configuration du poste et des obstacles mais également de la vitesse des différentes veines d’eau qui s’écoulent entre vous et le poisson. Dans tous les cas, prenez le temps d’analyser tous les paramètres et déplacez-vous en conséquence en vous rappelant que, sauf coup de chance, on est rarement placé au mieux lorsqu’un gobage se produit. Il en va de même en nymphe à vue lorsqu’on aperçoit brusquement un poisson…

Un tel poisson se mérite. Le placement du pêcheur était parfait…
Crédit photo : Herlé Hamon

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