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Le réservoir du Châtelet

Le réservoir du Châtelet fut le premier réservoir fédéral de pêche à la mouche créé en France, au tout début des années 1990. Cette création doit tout à son initiateur, Jean Vascher qui fut, par la suite, président de la fédération des Aappma de la Nièvre, entre 1998 et 2009.

Grand pêcheur à la mouche, c’est lui qui eut l’idée de louer ce plan d’eau, devenu par la suite propriété de la fédération de la Nièvre, pour en faire un réservoir consacré à la pêche à la mouche. C’est pour cela qu’en septembre 2019, le président Jean-Philippe Panier, a dévoilé une plaque au nom de Jean Vascher, six ans après la disparition de ce dernier. C’est donc désormais au plan d’eau Jean Vascher que l’on vient s’essayer à tenter les truites de l’endroit.

Première prise d’une truite locale !
Crédit photo : Marc Sourdot

Un environnement préservé

À l’origine, au XVIIIe siècle, cet étang servait de réserve d’eau pour faciliter le flottage du bois sur l’Yonne jusqu’à Clamecy, puis sur la Seine jusqu’à Paris. Il est situé sur la commune de Fachin, à l’intersection de la D197 en venant de Château-Chinon et de la D177 en venant d’Arleuf, ces deux cités du département de la Nièvre distantes de 8 kilomètres environ. D’une superficie d’un peu plus de 3 hectares, situé sur une dérivation du ruisseau de La Proie, un affluent de l’Yonne, qui lui apporte de l’eau fraîche à l’année, il atteint 6 mètres à la bonde, profondeur qui va en s’amenuisant à mesure qu’on se rapproche des berges côtés prairies. Au cœur du Morvan, dans un décor de bois et de prés, à une altitude d’environ 500 mètres, il offre un environnement préservé et des conditions de pêche favorables tout au long de la saison. De l’ouverture de mars, traditionnellement le samedi qui précède l’ouverture de la première catégorie, à la fermeture mi-novembre, il permet ainsi une grande variété de pratiques.

Le float-tube vous permettra d’accéder à des poissons gobeurs au milieu du lac
Crédit photo : Marc Sourdot

Géré par la fédération de la Nièvre, le réservoir est accessible, de 8h30 à 19 heures, sauf les mardis, aux pêcheurs munis de leur CPMA moyennant l’obtention d’une carte journalière, au prix de 25 euros, qu’on peut se procurer au Moulin des Morvans à proximité immédiate du lac ou à la Maison de la Presse et au Café du Boulevard à Château-Chinon. Il serait peut-être souhaitable qu’à l’avenir on puisse acquérir cette carte sur internet, ce qui faciliterait la tâche des pêcheurs venus de loin. Quant aux poissons, truites arc-en-ciel essentiellement, ce sont des « locaux » provenant des piscicultures du Morvan qui dépendent du lycée d’enseignement général et agricole de Château-Chinon. Ces poissons sont donc élevés à proximité du Châtelet, à Vermenoux ou à Corancy, dans des installations alimentées par les eaux de l’Yonne ce qui ne nuit pas à leur qualité d’ensemble ! Leur taille varie de 40 à plus de 70 centimètres. Si le no-kill est de plus en plus pratiqué, chaque pêcheur, s’il le désire, peut conserver deux truites de moins de 45 centimètres et une seule de plus de 45 centimètres. Pour une meilleure remise à l’eau des poissons, décrochés dans l’épuisette de préférence, les mouches utilisées seront sans ardillon ou à l’ardillon écrasé. Dans la perspective d’une bonne gestion des populations, toutes les prises, conservées ou non, seront portées sur le permis qui sera déposé, en fin de partie, dans la boîte à lettres installée sur le parking du lac à proximité du petit club-house qui sert d’abri en cas de mauvais temps.

En souvenir du créateur du premier réservoir fédéral français
Crédit photo : Marc Sourdot

Une grande diversité de pratiques

La diversité du substrat et la qualité de l’eau font de ce lac un biotope favorable à l’existence d’une grande variété d’insectes subaquatiques. Les prairies et les arbres alentour expliquent également la belle quantité d’insectes terrestres qu’on y peut rencontrer. Si l’on ajoute à cela une forte densité de vairons et de goujons, on comprendra que le choix des armes est ouvert pour celui qui sait ne pas se contenter d’une seule façon de faire. La pêche se pratique essentiellement du bord, voire en entrant dans l’eau, à hauteur de bottes seulement, côté prairie sud. Un float-tube (trois en même temps uniquement et gilet de sauvetage obligatoire) permet d’aller chercher les poissons qui se trouvent hors d’atteinte en pêche du bord. Une mise à l’eau à proximité immédiate du parking facilite les opérations. Ce petit plus participe également à la variété des pratiques possibles et il est de plus en plus populaire. En début de saison, dans des eaux encore froides, ou, au contraire, en été quand les eaux se réchauffent en surface, le streamer est bien souvent la seule façon de faire bouger des poissons calés à fond, là où ils trouvent des températures plus favorables. La « Montana » reste l’un des modèles favoris de l’endroit, mais, en été, une imitation de « Damsel’fly », travaillée du fond vers la surface, n’est pas à négliger. Une imitation de poissonnet, promenée en bordure, à proximité d’un banc de vairons, peut également se révéler prenante. C’est à partir de la digue que cette pratique trouve son utilisation optimale, sur les plus grandes profondeurs du lac. Dans ces conditions on utilisera une ligne extra-plongeante, solution préférable, à mes yeux à l’emploi de modèles lestés. Mais, si l’on ne veut pas se promener avec tout un attirail de cannes, une ligne multi-tip permettra de faire face à la plupart des situations. Il est en effet bien rare qu’on se trouve réduit à n’utiliser que le streamer en ligne lourde. Il se trouvera toujours un moment dans la journée où une éclosion, un vol de fourmis ou quelques terrestres tombés à l’eau nous permettront de nous essayer en sèche ou en émergente, techniques reines, par ailleurs, au printemps et en automne.

Pêche en sèche à l’ombre des arbres à proximité du parking
Crédit photo : Marc Sourdot

Des petits sedges gris

Les abords du parking sous les arbres et la prairie côté est, en eau moins profonde, sont fréquemment le théâtre d’une éclosion de petits sedges gris qu’on peut faire s’envoler en remuant les branches. Les grandes Danica sont présentes de fin mai à mi-juillet et, souvent, l’utilisation d’une émergente est préférable à une imitation d’imago. Si un modèle de sauterelle peut être utile de juin à septembre, il ne faut pas oublier les imitations de tipule, les « Daddy-long-legs » qui peuvent « énerver » les plus gros poissons, comme peut le faire, également, un vol de fourmis qui s’abat sur le lac. Quel que soit le modèle de surface employé, il est parfois utile de l’animer, voire de le faire « patiner » en surface, quand une présentation inerte n’a pas suffi à provoquer l’attaque d’un poisson. En certains points du lac, dans l’angle à droite de la place réservée aux personnes à mobilité réduite, et en rive Sud, à l’arrivée d’eau ou dans une petite anse, il est possible de pêcher en nymphe à vue à condition de le faire en toute discrétion, en se tenant bien en retrait de la rive. J’utilise le plus souvent une « Faisan et orange », facilement visualisable dans cette eau couleur thé, modèle qui m’a valu de belles réussites. On peut également s’essayer en nymphe au fil, nymphe lourde en pointe et modèle plus léger en potence. Pour pratiquer à différentes profondeurs, on choisira d’opérer à partir de la digue côté ouest, en allongeant progressivement les lancers pour tirer parti des différences de niveau dues aux travaux effectués lors de la réfection de cette partie du lac. En float-tube, on pourra essayer de pêcher à trois mouches noyées, en se laissant dériver, variante locale d’un « loch-style morvandiau ». 

En dérive au large de la prairie à l’est.
Crédit photo : Marc Sourdot

Bien des raisons pour y retourner

Comme on le voit la pêche pratiquée ici dépend essentiellement du bon vouloir, et des capacités, de chacun. La diversité et la multiplicité des postes, la variété des insectes et des proies possibles permettent un large éventail des techniques à employer et multiplient ainsi le plaisir qu’on peut en tirer. Mais cette qualité strictement halieutique n’est pas la seule raison qui nous fait retourner au réservoir Châtelet-Jean Vascher. Il y a aussi le fait que c’est un réservoir fédéral, le premier en France et toujours l’un des rares ; ce qui signifie qu’il est géré par des pêcheurs, pour des pêcheurs. Il n’est certes pas gratuit, mais les moyens ainsi récoltés vont à l’entretien et à l’amélioration de l’ensemble : parking, lodge, tables de pique-nique, emplacement PMR, sans parler de l’empoissonnement régulier en truites de qualité. On peut trouver le règlement un peu strict mais c’est le gage de la préservation de cette activité qui va bientôt fêter ses trente ans. Entre en jeu, également, le charme de l’endroit. Ce lac n’a rien, à l’origine, de naturel, mais le temps lui a apporté la patine de l’histoire et une grande variété paysagère : diversité des essences, alternance des prairies et des parties boisées en plein cœur du Morvan.

Excellent spot pour la nymphe à l’angle Ouest de la digue.
Crédit photo : Marc Sourdot

Pour ma part, je n’y vais pas sans une pointe de nostalgie. C’est ici que je me suis rendu compte, il y a presque trente ans, que la pêche en réservoir n’avait rien, si l’on savait en tirer parti, d’une activité mécanique, répétitive et prétendument « facile ». Entre en jeu, bien sûr, le souvenir de Jean Vascher, cette figure de la pêche avec qui j’ai partagé de beaux moents aux bords de l’Allier, à l’époque où l’on pouvait encore y pêcher le saumon, puis, plus tard, des discussions animées sur l’organisation de la pêche. Mais le Châtelet me rappelle aussi, à chaque visite, cette matinée passée en compagnie de Jim Harrison, le grand romancier américain, qui, pour la première fois en France, se retrouvait avec une canne à mouche en main. Il connaissait tous les plus grands restaurants, avait goûté aux meilleurs crus, visité les endroits les plus prestigieux, mais il n’avait jamais eu le plaisir de pêcher en France. Ce fut chose faite au Châtelet…

Deux mouches classiques sélectionnées par l’auteur : une montana et une « damsel nymph »
Crédit photo : Marc Sourdot

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