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Pêche des bars et lieus dans les épaves au large

À cette période de l’année, les bars qui reviennent de leur migration hivernale après la fraie rejoignent bien souvent les zones d’épaves tout comme les lieus ! Ces deux carnassiers sont alors à la recherche d’eaux plus chaudes où le nombre et la diversité de proies sont les plus importants. C’est donc une parfaite occasion pour cibler les deux espèces au large !

Le printemps est signe de nombreux changements en mer : la température de l’eau et l’ensoleillement journalier augmentant progressivement, il en résulte un phénomène de « boom algal ou efflorescence » que l’on appelle « purge » dans mon secteur. Les couches d’eaux supérieures connaissent donc une forte prolifération du phytoplancton couleur ambre foncé qui est remarquable, les pigments photosynthétiques de ces algues étant la cause de cette coloration. S’il est parfaitement normal et sans danger réel pour les populations de poisson dans la limite où sa concentration reste limitée, il en résulte néanmoins une légère baisse du taux d’oxygène dissous de l’eau et de l’activité de ces derniers. Le phénomène s’estompe progressivement au fur et à mesure que la température de l’eau des couches de surface et celles plus profondes ne tendent pas à s’uniformiser et que le phytoplancton se développe à son tour.

Dans les épaves, les bars se tiennent au plus près du relief pour profiter au mieux des perturbations du courant et chasser à l’affût.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Entre saison froide et saison chaude

Cet épisode marque le passage entre la saison froide et la saison chaude, les poissons hivernaux tels que les harengs et les merlans sont à présent remontés vers l’est tandis que les bars, maquereaux et consorts arrivent de l’ouest. Bien avant cela, le lieu jaune, autre prédateur très présent en Manche et en Atlantique, avait déjà investi les principaux sites de regroupement de son espèce sur le secteur. Les imposantes épaves, failles et tombants rocheux situés dans des profondeurs importantes étant généralement les plus visités. Si en Atlantique le fond connaît des reliefs très variés, la Manche est une plaine immergée qui résulte de la séparation de la pangée amorcée il y a 200 millions d’années. Aussi, les principales zones où se concentrent ces carnassiers sont les épaves de navires, parfois très imposantes et nombreuses dans certains secteurs; vestiges des deux derniers conflits mondiaux qui marqueront à jamais notre histoire. Comme les bars reviennent de la fraie, cette période faste permet aux pêcheurs de capturer simultanément deux prédateurs qui répondent très bien aux techniques de pêches aux leurres.

Magali et Alexandre, couple de pêcheurs talentueux avec de jolis lieus.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Pratique hauturière

Ces zones sont généralement éloignées de la côte et seuls les pêcheurs possédant l’extension hauturière, et une embarcation suffisamment sûre et rapide, pourront envisager de rejoindre ces bases à la faveur de conditions météo et de navigation favorables. Lorsque l’on se trouve à des dizaines de milles de la côte, et parfois non loin d’un chenal de passage d’imposants cargos ou loin de tout trafic régulier, mieux vaut pouvoir faire confiance à son embarcation. De la même manière, une unité ayant une vitesse de croisière importante permettra de prospecter plusieurs sites dans la journée sans perdre trop temps de pêche lors des déplacements. Certaines carcasses sont parfois très distantes les unes des autres et, après quelques dérives et captures successives, l’activité des poissons peut nettement ralentir; surtout en cas de casses ou de décroches de gros spécimens. Lors de sa fuite, le poisson émet des ondes et phéromones de stress qu’il transmettra à l’ensemble de la communauté. Opérer un déplacement vers une autre zone de pêche s’avère souvent judicieux. Cela permet parfois de trouver un site où les poissons n’ont pas encore été alertés par le bruit qu’induit le replacement successif du bateau pour chaque dérive ou par l’acte de pêche. Lors de chaque remontée de la dérive, on évitera au maximum de repasser au-dessus de la carcasse en décrivant un cercle d’évitement. S’il est assez courant de trouver de belles concentrations de bars, parfois de belle taille, sur de petites structures dans de faibles hauteurs d’eau, les gros lieus jaunes semblent, quant à eux, privilégier de très grosses carcasses reposant assez profondément. Il faudra tenir compte de cette caractéristique pour établir sa stratégie de pêche. Bars et lieus n’étant pas forcément actifs simultanément, on s’efforcera d’établir sa route et de prospecter chaque poste au moment le plus opportun afin d’optimiser au mieux ses chances de capture.

La sélection de leurres de l’auteur pour la pêche des épaves au large
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Phases lunaires et coefficients

Si ces deux espèces se trouvent donc en un même lieu au même moment, leurs périodes d’activité alimentaire au cours d’une journée ou de la marée peuvent être différentes. Les phases lunaires, le coefficient et la marée influent fortement sur leur comportement. Les coefficients moyens entre 60 et 80 sont les plus favorables pour pratiquer ce genre de pêche. Les forts coefficients peuvent également s’avérer bénéfiques mais sur des périodes qui correspondent souvent aux deux premières heures ou aux deux dernières heures de la marée descendante. C’est généralement la phase où les lieus se montrent le plus actifs. Au plus fort du flot, le courant trop rapide tend à compliquer l’acte de pêche : on passe au-dessus de la structure très rapidement, obligeant le skippeur à se replacer très souvent en amont de la dérive tout en étant forcé de surplomber les leurres et donc d’augmenter le risque d’accrocs au fond. Là aussi, les deux premiers et deux derniers douzièmes de la marée seront généralement favorables, mais ce seront alors les bars qui rentreront en période d’activité. A contrario, par coefficients plus faibles, il faudra souvent privilégier le moment où le courant est au plus fort pour que les poissons se mettent en chasse. L’étale de marée forme une sorte de trêve dont les tacauds profiteront pour sortir s’alimenter à leur tour.

Le montage avec teaser peut s’avérer redoutable, pensez-y !
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Techniques et leurres

Les techniques ou leurres employés peuvent différer légèrement pour augmenter les chances de capture en fonction de l’activité des prédateurs. Ceci étant dû aux préférences de ces deux espèces. On constate souvent que, sur un même spot, les lieus ont tendance à évoluer dans la partie supérieure de la structure et à chasser en pleine eau, alors que les bars se tiennent au plus près du relief pour profiter au mieux des perturbations du courant et chasser un peu plus à l’affût. Cela tient à la fois aux techniques de chasse propres à chacune des deux espèces ainsi, parfois, qu’au typesde proies disponibles sur la zone. Les tacauds sont quasi toujours présents sur les zones où se regroupent nos prédateurs, à ces derniers viennent souvent se joindre maquereaux et lançons, très communs en Manche. Les lançons montent volontiers en pleine eau pour s’alimenter de zooplancton, ils sont, de fait, une proie facile pour les lieus. Des imitations de type slugs pourvus de fines caudales seront parfaitement adaptées à la technique dite « de « l’ascenseur ». Elle consiste à laisser descendre le leurre jusqu’au fond tout en contrôlant légèrement la descente du fil en laissant son index frôler le bord de la bobine du moulinet. On opérera de la même façon à chaque phase de redescente du leurre dans le but d’obtenir des touches à la descente. Une fois le leurre arrivé au fond, on ferme le pick-up du moulinet puis, canne légèrement inclinée vers le bas, on entame une récupération au moulinet. On se fiera aux indications du sondeur et de la hauteur à laquelle se situent les poissons dans la colonne d’eau pour évaluer le nombre de tours de manivelle qu’il faudra effectuer avant de laisser redescendre de nouveau celui-ci. La canne restant parfaitement immobile, les variations de vitesse de récupération et les éventuels stops en cours de remontée se feront uniquement par l’intermédiaire du moulinet. À la touche, un ferrage ample et appuyé permettra de résorber la bannière et de piquer efficacement le poisson.

Les gros lieus jaunes semblent privilégier de très grosses carcasses reposant assez profondément.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Teaser et verticale

Lorsque vous percevez la touche, le poisson ressent généralement le piquant de l’hameçon. Alors que vous n’avez pas encore assuré votre prise, l’hameçon a déjà commencé à pénétrer les chairs. Il ne doit y avoir aucun mou dans votre ligne entre la perception de la touche et le ferrage. L’inertie de la tête plombée et l’effet bascule provoqué n’auront pour effet que de provoquer un décrochage instantané du poisson. La position canne basse évite ce problème en permettant d’effectuer un ferrage quasi instinctif au cours de la récupération. Dans certains cas, et en l’absence de fourrage type lançons, des shads employés de manière similaire peuvent s’avérer tout aussi efficaces. J’utilise aussi un montage tandem composé d’un jig surmonté à environ 60 ou 80 cm d’un teaser monté en potence. Si cette technique vise plus particulièrement les lieus, elle se montre également efficace pour le bar. Mais lorsque ceux-ci se tiennent plus en profondeur, très proches de la structure, la pêche en verticale, ou traction, est plus adaptée. L’action de pêche consiste à faire évoluer un leurre souple style shad le plus souvent, ou slug mais de type « finesse » en le faisant rebondir de manière successive audessus de la carcasse. On utilisera alors le nerf de la canne pour imprimer de courtes mais sèches impulsions pour animer verticalement le leurre tout en accompagnant sa retombée en baissant progressivement la canne. Le fait d’accompagner la redescente du leurre permet de bien détecter les touches qui se produisent le plus souvent lors de cette phase de l’animation. La plombée a ici une très grande importance. Trop légère, vous passerez au-dessus de la structure sous l’effet de la dérive et n’attirerez que peu l’attention des poissons en activité. En revanche, si elle s’avère excessive, les accrocs au fond se multiplieront et l’action de pêche ne sera pas pleinement efficace. Le bon équilibre est obtenu lorsque vous parvenez à conserver un contact régulier avec le fond.

Une bonne pointe en fluorocarbone permet d’extirper un joli bar des dangers d’une carcasse de bateau en profondeur.
Crédit photo : Arnaud Delaloche

Une question de poids

Les poids moyens les plus couramment utilisés oscillent entre 70 et 110 g. À vous d’adapter votre plombée en fonction de la force du courant, de la profondeur, de la force et de la direction du vent. Le fait d’utiliser un leurre comme un shad possédant une traînée hydrodynamique plus importante qu’un leurre de type finesse influera également sur le poids de la tête plombé à utiliser. Des jigs et quelques leurres en métal de style « vibration » compléteront avantageusement votre sélection. Pour les coloris, les gadidés dont font partie les lieus répondent généralement très bien aux couleurs un peu flashy ou fluo : rose, jaune, orange et chartreux sont des indispensables. Pour les bars, les coloris plus naturels se montrent souvent plus réguliers, même si le blanc et le rose donnent parfois de très bons résultats. Côté matériel, des cannes d’une longueur comprise entre 2 et 2,20 m maximum, d’action relativement rapide et d’une puissance de 20/60 ou 20/80 équipées d’un moulinet taille 4000 ou 5000 constitueront des ensembles adaptés. Les moulinets seront remplis avec une tresse de 25 à 30 lbs et recevront des têtes de ligne de 4 ou 5 mètres en fluorocarbone d’un diamètre de 45 à 50/100. Si ces diamètres peuvent sembler importants, ils sont néanmoins nécessaires pour contrer le premier rush d’un gros lieu ou pour extirper de son repaire un gros bar qui ne manquera pas de vous fausser compagnie s’il parvient à rejoindre les entrailles de son refuge.

 

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Magazine n°76 - avril-mai 2020

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