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La pêche du thon en France : un sacré phénomène

Ce dossier publié en août 2020 dans notre ancien magazine Pêche et Bateaux est toujours d'actualité !

Crédit photo David Gauduchon
La pêche sportive du thon rouge connaît un véritable essor sur les côtes françaises. Une forme de renouveau qui s’accompagne d’une évolution des connaissances et des pratiques, même si nombre de mystères entourent encore le comportement de ce grand pélagique. Qu’on le recherche aux appâts, aux leurres ou à la mouche, sa pêche s’apparente aujourd’hui à une véritable traque le plus souvent visuelle. Sa capture est, aux yeux d’un nombre croissant d’aficionados, le challenge ultime tant il repousse les frontières du possible sur les plans humain comme matériel. De la Bretagne au Sud-Ouest, nous avons sollicité quatre spécialistes et passionnés qui ont accepté de nous faire partager leur retour d’expériences, riches d’enseignement et d’analyses, émaillés de conseils et d’anecdotes.

"Le thon c’est bon !", nous avons tous en tête ce slogan publicitaire ! Le développement explosif du marché du sushi et du sashimi, stimulé par les prix exceptionnels qu’atteint ce poisson à la chair très appréciée, n’a fait que mettre ce grand poisson pélagique, capable de migrations transatlantiques, sous le feu des projecteurs. Mais de quelle espèce, parmi toutes celles existantes, parle-t-on exactement ? Le thon rouge (Thunnus thynnus), car c’est de lui dont il s’agit, appelé encore thon rouge de l’Atlantique, est à la fois un symbole de puissance et de fragilité face à l’impact des activités humaines si celles-ci ne sont pas menées de manière raisonnée. La diminution des stocks du thon rouge de plus de 80% entre 1970 et 1993 dans l’Atlantique ouest a en effet conduit à la mise en place d’une politique de régulation des stocks et à l’introduction de quotas gérés par l’Iccat (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique). La réduction des totaux admissibles de capture (TAC) et les mesures renforcées de contrôle mises en place à partir de 2008 ont permis l’inversion de la courbe de déclin. L’état du stock s’est amélioré progressivement jusqu’en 2017. Après dix ans de protection, l’augmentation des TAC de 2018 à 2020 laisse toutefois présager un nouveau risque de surexploitation de l’espèce. C’est la seule espèce de thon qui peut atteindre des latitudes hautes (du Cap Blanc en Mauritanie aux îles Lofoten en Norvège). Il peut exploiter des habitats depuis la surface océanique jusqu’à des profondeurs atteignant 1000 mètres. Ses migrations sont directement liées à ses besoins de nourriture et de reproduction. Le thon rouge de l’Atlantique est ainsi capable de parcourir plusieurs milliers de kilomètres en quelques mois, en s’alimentant grâce aux ressources en poissons fourrage et céphalopodes essentiellement, dont il se nourrit principalement au sein d’une aire de répartition. La crise de l’anchois en 2006 dans le golfe de Gascogne, avec le moratoire accompagné d’une interdiction de sa pêche jusqu’en 2010, est certainement une des raisons avancées quant au retour des grands thons à proximité de nos côtes.

Les mesures de contrôle renforcées mises en place à partir de 2008 ont permis l’inversion de la courbe de déclin.
Crédit photo : Rod House

Deux zones de fraie

Il existe deux frayères connues pour l’espèce : la première dans le golfe du Mexique, dans l’océan Atlantique occidental, et la seconde dans la partie orientale de la mer Méditerranée. Les thons adultes migrent de l’océan Atlantique vers le bassin méditerranéen entre avril et mai pour retourner ensuite dans l’Atlantique entre juillet et août. Bien que les thons rouges soient fidèles à leurs lieux de pontes, il est fréquent que des bancs passent par le détroit de Gibraltar. Ses migrations en Méditerranée prennent de multiples itinéraires, toujours dans le but de se reproduire. Certains bancs passent le long des côtes du Maghreb, d’autres passent par les Baléares ou bien encore par la Sicile. Certaines zones de fraie sont bien connues comme le sud de l’Espagne (ex : Ibiza), la Lybie, la Sicile, les Baléares, etc.

Le thon rouge, cet infatigable nageur, suscite la fascination. Il est l’emblème même du poisson de « grand sport » qui, avec le marlin et l’espadon, a toujours fait rêver les pêcheurs, et cela ne date pas d’hier.
Crédit photo : David Gauduchon

D’après des études menées par le WWF et de nombreux autres organismes, cet instinct de retour a donné lieu à une subdivision génétique entre thon rouge de l’Atlantique occidental et oriental, la population est traditionnellement administrée en deux stocks, séparés par le méridien 45°W6. Toutefois, il ressort également de certaines études qu’il existe un taux de mélange physique plus important entre les deux stocks et que les mouvements migratoires sont plus élaborés et complexes qu’on ne le supposait au départ. Certains thons rouges nés en mer Méditerranée peuvent par exemple passer plusieurs années dans l’Atlantique orientale avant de retourner dans leurs eaux natales. Le poids moyen du thon à l’âge adulte est de l’ordre de 400 kg alors qu’il mesure 3 mètres. Il peut atteindre 670 kg et vivre au-delà de 25 ans. Sa maturité sexuelle est atteinte pour le stock Atlantique est à l’âge de 4 ans, lorsqu’il mesure environ 1,10 mètre et pèse 25 kg. Pour le stock Atlantique ouest, sa maturité sexuelle est atteinte à l’âge de 9 ans lorsqu’il mesure 1,90 mètre et pèse 145 kg. Les tailles de captures se situent en moyenne entre 80 cm et 2 mètres, c’est-à-dire entre 20 et 160 kg. Voilà une petite synthèse de l’état des connaissances scientifiques qui permet de mettre en perspective le retour du thon rouge observé depuis bientôt 10 ans à proximité de nos côtes : de la Méditerranée aux côtes basques en passant par celles de l’Atlantique jusqu’aux côtes bretonnes.

Le thon mange chaque jour 30 % de sa masse corporelle mais n’en digère que 50 %, faisant le bonheur des oiseaux marins pélagiques tels le Puffin fuligineux et l’Oceanite tempête, qui sont des marqueurs de sa présence sur un secteur donné. Autre signe qui ne trompe pas : une mer huileuse, chargée de particules, lorsque la digestion a été bonne.
Crédit photo : Rod House

Des pêcheurs fascinés

Côté pêche récréative, il convient donc de garder à l’esprit que cette manne qui se présente aujourd’hui n’est pas un fait acquis. Notre comportement doit ainsi être plus que jamais responsable envers cette espèce et s’inscrire dans une pêche durable et respectueuse. L’obtention de bagues de captures régit le nombre de prises de façon drastique dans le cadre d’un quota annuel. La pratique du no-kill (soumise à une autorisation administrative délivrée annuellement par les directions interrégionales de la mer) c’est-à-dire avec relâche immédiate et interdiction de hisser le poisson à bord, doit plus que jamais s’accompagner de bonnes pratiques sur lesquelles nous aurons l’occasion de revenir. Le thon rouge, cet infatigable nageur, suscite la fascination. Il est l’emblème même du poisson de « grand sport » qui, avec le marlin et l’espadon, a toujours fait rêver les pêcheurs, et cela ne date pas d’hier. Ce pélagique est certainement l’un des plus puissants de la planète, taillé pour livrer de redoutables combats. Avec sa tête conique et son corps fusiforme, il est capable d’atteindre des pointes de 80 km/h. Ainsi, ses nageoires latérales se rabattent dans des cavités spécifiques et même sa première nageoire dorsale se loge dans un sillon lorsqu’elle se rabat. Telle une Formule 1 des mers, il n’a pas de mal à faire fumer 400 mètres de tresse, à faire fondre les pignons d’un moulinet, voire à souder les vertèbres de celui qui, arc-bouté sur sa canne, finit par se tétaniser si son matériel n’est pas adapté ou sa technique de combat mal maîtrisée. Nous parlons bien de pêche en stand-up qui, sur de gros spécimens (160 kg et plus), touche à ses limites.

Un bateau parfaitement équipé et motorisé afin d’aller à la rencontre des bancs de thon qui croisent le plus souvent entre 3000 et 50000 milles marins, voire plus, de nos côtes est indispensable pour la recherche de ce poisson hors norme.
Crédit photo : David Gauduchon

Un matériel spécifique indispensable

Malgré l’engouement que cette pêche suscite, on comprend qu’elle n’est pas accessible à tous les pêcheurs. La recherche de tels spécimens dépassant allègrement les 100 et frôlant la barre des 200 kg, voire plus, requiert une solide capacité à naviguer, donc un bateau parfaitement équipé et motorisé afin d’aller à la rencontre des bancs de thons qui croisent le plus souvent, en saison, entre 3 000 et 50 000 milles marins, voire plus de nos côtes. Faute de posséder une telle unité, le recours à un guide spécialisé est la meilleure option. Ils sont de plus en plus nombreux à proposer un service adapté allié à une parfaite connaissance de leur secteur; pour s’en convaincre il suffit de jeter un œil sur Internet. Côté matériel, on comprend que l’improvisation n’est pas de mise pour combattre de tels poissons dans un minimum de temps, afin de leur laisser toutes les chances de survivre après avoir été relâchés. Des blanks spécifiques ont été développés pour ces pêches extrêmes en stand-up, les fabricants se sont engouffrés tous azimuts sur ce marché émergent mais en pleine évolution. On trouve aujourd’hui dans les meilleures marques (Zenaq, Tenryu, Daïwa, Hearty Rise, Shimano, Dam, etc.) des outils parfaitement adaptés présentant entre 30 et 50 lbs de puissance pour des thons de moins de 30 kg et de 50 à 120 lbs pour des clients encore plus sérieux. Pour les moulinets, seuls quelques modèles résistent à un tel traitement. Parmi les plus connus : le Stella 18000 à 25000 SW de chez Shimano, Saltiga ou Catalina en taille 6500 H à 8000 ou un Dofight en 8000 h de chez Daïwa. Bien entendu, tresse (PE 8 à PE 12), Nylon ou fluoro, anneaux brisés, émerillons, hameçons simples ou triples sont proportionnels à la puissance et à la violence des combats que d’aucuns qualifient de surhumain (voire d’inhumain!) dès lors qu’on franchit la barre des 100 kg.

Des blanks spécifiques ont été développés pour ces pêches extrêmes et les fabricants se sont engouffrés tous azimuts sur ce marché émergent mais en pleine évolution.
Crédit photo : David Gauduchon

Mais rassurez-vous, cette course aux « golgoths » a ses limites que certains cherchent aujourd’hui à dépasser. Il est heureusement tout à fait possible, voire préconisé notamment à ses débuts, de se faire la main de façon très ludique sur des thons rouges de 10 à 30 kg, avec un matériel plus light. C’est le Pays basque qui présente aujourd’hui les plus grosses densités de thons rouges dans cette fourchette de poids, offrant une pêche sur des chasses à vue de première qualité. Ce petit tour d’horizon étant réalisé, tant sur le plan de la connaissance du thon rouge de l’Atlantique que des bases concernant sa pêche de loisir, partons à la rencontre de quelques spécialistes disséminés aux quatre coins des côtes françaises afin de profiter de leur retour d’expérience.

Goulven Dolle : quand chaque détail compte

Goulven Dolle
Crédit photo : David Gauduchon

Goulven Dolle, secteur de Belle-Isle

Goulven Dolle, créateur de la société Rod House, spécialiste des cannes sur mesure, ne rate pas une occasion d’être sur l’eau dès que l’appel des thons a sonné. À partir de sa propre expérience et de celle de sa team de « rodbuilders », son labo de recherche et développement est toujours en pleine effervescence.

  • Bateau et motorisation : Pro Marine Manta 610 Pêche - Mercury 150 EFI.
  • Cannes et moulinets : Blank Rainshadow Tuna popper 80 H 8’ Mod Fast 50-100 lbs / Blank North Fork Composite Silver Black 80-100 lbs - Stella Shimano 18000 et 20000

C’est en 2013 que les premiers équipages ont fait du thon sur Belle-Isle. Goulven Dolle a, quant à lui, touché son premier spécimen au vif, en 2015. Si l’ouverture est en juin, les premiers bataillons de thon arrivent véritablement début août. On le pêche ici traditionnellement au maquereau car les concentrations ne sont pas assez fortes pour tenter véritablement sa chance aux leurres comme en Bretagne nord par exemple. « Je piquais mon maquereau par le dos et je le laissais nager “librement” sur des secteurs où nous avions repéré des mouvements de thon. Du fait des 6 à 10 m de fluoro 200 lbs qui le précédaient, le maquereau flappait en surface mais rarement plus d’une dizaine de minutes avant d’être engamé », se souvient Goulven, tout en reconnaissant que cet âge d’or est déjà révolu. « Il a fallu progressivement les pêcher plus creux en inventant des montages appropriés, même si sur nos secteurs la pêche au vif demeure la plus productive, et de loin ! Toute la difficulté dans cette pêche, c’est que finalement la saison est très courte, deux mois tout au plus, pendant laquelle les thons restent sur zone. C’est peu pour à la fois constater, apprendre et devenir bon, d’autant que les données évoluent chaque année. Il n’y a pas de secret : ceux qui ont la possibilité de sortir très souvent sont par définition les plus affûtés. Je compare parfois la pêche du thon à un sport mécanique. Le thon, c’est du concentré en barre où chaque détail doit être pris en compte, sinon c’est la casse. Il faut du bon matériel et savoir l’employer. Il faut aussi faire preuve d’un mental d’enfer et d’une bonne santé physique. Être un peu fou aussi ! Pour moi qui suis un professionnel du blank et des composants, le thon offre un fabuleux terrain d’expérimentation, de crash-test, car j’ai l’impression que les limites sont repoussées un peu plus chaque saison. À ce titre, c’est une aventure passionnante », précise Goulven.

Martin Clayessens : une technique irréprochable

Martin Clayessens
Crédit photo : David Gauduchon

Martin Clayessens, Bretagne sud

Martin Clayessens est un fondu de pêche en mer et de challenges extrêmes. Établi en Bretagne Sud, il s’est orienté sur la traque des thons rouges sur les côtes atlantiques et méditerranéennes. Chaque saison, de Gibraltar aux îles Canaries, en remontant sur les côtes de l’Atlantique nord, il suit leur longue migration.

  • Bateau & motorisation : Zeppelin 22 V PRO - V6 200 chx Suzuki.
  • Cannes et moulinets : custom Canary Adventure 2,20 m 80 lbs (monté sur un blank trolling) et Sallty water tackle 7’5’’PE10 80-200 g - Stella Shimano 18000 et Daïwa Slatiga 8000 H Expedition.

Martin Clayessens fait figure d’extraterrestre lorsqu’il est sur l’eau, aussi doué que sympathique, à l’image de son sourire ravageur. Depuis tout jeune qu’il pêche « tout ce qui nage », il s’est progressivement spécialisé sur les gros spécimens de bars et de lieus, aux leurres puis à la mouche. Aujourd’hui, il ne semble avoir d’yeux que pour les grands thons rouges qu’il traque inlassablement depuis 2016, lorsqu’il a fait la rencontre de deux pêcheurs de légende, les dénommés Orkatz Amegari (fameuse marque de leurres éponyme) et de Jamie Triay (gibrocktuna.com). Pour son Zeppelin 22 V pro, il a opté pour une configuration libre « spécial combat » à l’avant lui permettant de coincer les genoux sous les boudins. Sièges suspendus et équipement minimaliste lui permettent de limiter la consommation et d’avoir une autonomie de 75 milles marin. Ce que Martin aime par-dessus tout dans cette pêche aux leurres, c’est cette attaque foudroyante. La montée d’adrénaline avant que le corps n’explose : « Il faut être capable de tout donner pendant les 30 premières minutes, c’est un corps implacable ! Ensuite il faut faire appel à des techniques de pompage permettant de tourner la tête du poisson et de récupérations physique afin de faire circuler le sang dans les bras jusqu’aux mains », explique Martin qui à lui tout seul est un condensé de nerfs et de muscles qu’il entretient en salle de sport pour être toujours au top. Pour les grands thons auxquels il est habitué de se mesurer, une préparation physique s’impose car attention aux tendons et aux disques. « Je me suis fait mal aux Canaries, en 2016 faute d’une expérience suffisante. Je me suis écrasé les disques lombaires car je n’osais pas lever ma canne. Il est indispensable de travailler sur un angle de 45 degrés, selon la méthode du higsticking cette technique qui consiste à envoyer la canne la verticale, le talon sois le coude afin de laisser le blank souffrir à ta place. C’est là qu’on mesure la différence entre une bonne et mauvaise canne à thon king size » Avec plus de 49 grands spécimens de thon combattus en Bretagne, au cours d’une saison de deux mois à peine, nul doute que Martin a su faire preuve d’une sacrée technique !

Aymeric Langlois : savoir observer

Aymeric Langlois
Crédit photo : David Gauduchon

Aymeric Langlois, Pays Basque

Aymeric Langlois est un jeune pêcheur de thon basé à Saint-Jean-de-Luz. Il travaille au magasin de pêche Le Comptoir Outdoor, à Urrugne (64122). N’hésitez pas à lui rendre visite car c’est un passionné très sympa et il n’est pas avare de conseils !

  • Bateau et motorisation : Bombard explorer 600 - 115 chx Yamaha.
  • Cannes et moulinets : Zenaq Tobizo TC 80-80 G (thons de 10-20 kg), TC 83-150 G (thons de 20 à 80 kg) - Shimano Stella 8000 et 18000.

Aymeric Langlois découvre le thon, il y a 2 ans en arrivant dans le Sud-Ouest, en pêchant avec locaux. « C’était la première fois de ma vie que je voyais des chasses de la taille d’un terrain de football, ça bouillonnait littéralement ». En action de pêche, repérer les boules d’anchois, au sondeur est le premier réflexe à avoir. Le poisson fourrage, établi à une profondeur donnée, il va progressivement monter vers la surface en même temps que le soleil s’élève. Aux alentours de midi, on assiste à quelques chasses éparses qui vont ensuite s’intensifier. Les thons opèrent en meute et encerclent les anchois jusqu’à les acculer à la surface. Les mouvements d’oiseaux constituent une aide précieuse pour anticiper ce qui se trame, toute comme une bonne paire de jumelles. Mettre les gaz rapidement est primordial car les chasses s’installent rarement longtemps. Celles que j’ai pu observer durent en moyenne 10 à 30 secondes. C’est un fait avéré, les bancs de thons se montrent de plus en plus méfiants aux bruits des moteurs. « Le poids moyen des thons que nous rencontrons couramment est de l’ordre de 10 à 20 kg. Une canne de puissance 30_40 ou 30-60 lbs permet de faire le plein de sensation sur des tresses PE6 ou 8. J’ai un faible pour les tresses Avani SMP de chez Varivas prolongées par un schock leader de 80 lbs à l’aide d’un nœud allbsright ou FG plus discret. Bien entendu il arrive que des thons plus gros, entre 30 et 50 kg, se mêlent aux chasses mais généralement il y a une grande homogénéité de taille et de poids. Nous avons bien entendu des thons plus gros jusqu’à 300 kg mais ils se tiennent dans les 3 premiers milles, à la recherche d’une nourriture très spécifique, des maquereaux des orphies et des petits calamars. Mais cette taille de thon ne m’intéresse pas. Trop gros, trop puissant, les combats s’éternisent. Je préfère nettement combattre un 50 kg en 30 minutes » ajoute Aymeric.

Christophe Botherel : une pêche exigeante

Christophe Botherel
Crédit photo : David Gauduchon

Christophe Botherel, Bretagne nord

Guide de pêche professionnel basé à Lézardrieux, Christophe Botherel s’est spécialisé sur la pêche du thon parallèlement à celle du bar et du lieu qu’il pratique tout au long de la saison.

  • Bateau et motorisation : Targa 27 pieds version Tarfish (bateau Finlandais) - motorisation Volvo D6 435 chvx.
  • Cannes et moulinets : Smith Koz exploration 76 BTH et 82 M - Shimano Stella 20 000

Christophe Botherel a déjà une longue expérience de la pêche sportive du thon rouge puisqu’il a commencé à le traquer dans les années 2010, sur le secteur dit du fer à cheval au large du Bassin d’Arcachon puis en Méditerranée. Aujourd’hui c’est au large de l’archipel de Bréhat qu’il guide ses clients où il a imposé dès le début de son activité, qui remonte à une dizaine d’années, la pratique du « catch and release », conscient de valeur patrimoniale de cette grande espèce migratrice : « les thons rouges mesurent ici en moyenne 2 mètres pour un poids moyen oscillant entre 120 et 150 kg. La saison passée, j’ai combattu et relâché, durant 2h15, un spécimen estimé à 250 kg pour une longueur de 2,65 m. On ne trouve de tels poissons qu’à Cap Cod, dans le Massachussets, sur la côte est des États-Unis. J’aimerais qu’il y ait des spécimens de 50 à 80 kg pour une pêche plaisir permettant aux débutants de vivre une première expérience mais je les cherche encore ! Un pêcheur expérimenté met en moyenne 30 à 40 minutes pour connaître l’épilogue d’un corps à corps engagé avec un thon de 2 mètres, à condition que son matériel soit parfaitement adapté et réglé. Sur des chasses parfois grandes comme un terrain de football, il nous arrive de croiser des « barriques » (poisson entre 250 et 300 kg) sur lesquels nous nous interdisons d’envoyer nos poppers tout simplement parce que la cause est perdue d’avance. Nous touchons là aux limites de la pêche en stand-up », explique Christophe qui, la saison dernière a fait prendre plus d’une centaine de thons à ses clients. Un taux de réussite qui atteste de son professionnalisme, de la préparation minutieuse de chaque sortie. Chaque client est briefé et préparé, sa capacité physique et son niveau de pêche validés. « C’est une pêche très exigeante, parfois même violente. Je leur apprends à régler leur frein à 12 kg puis, au quart de tour près, à le gérer pendant toute la durée du combat. De même que l’angle donné à la canne, l’utilisation d’un baudrier, la question des appuis… Chaque détail compte. » 

Il convient de ne pas soulever un thon par la queue car son attache est fragile. Une queue cassée, c’est un poisson condamné. La manipulation doit se faire dans l’eau, si possible à deux, à l’aide d’une pince type Pratico tenue par le ligneur. Un thon qui ne nage plus est à coup sûr un thon mort. Le skipper maintient donc une vitesse de 4 noeuds environ pour continuer à oxygéner le thon durant le temps du décrochage. Après un gros combat, il faut parfois dix à quinze minutes de réanimation avant que le thon ne reparte dans de bonnes conditions. Si le « catch and release » est un pré-requis, il faut savoir que tous les poissons ne survivent pas à l’intensité d’un combat. Pour 100 thons capturés, on constate 5% de mortalité environ à l’arrivée au bateau. Combien meurent ensuite une fois graciés ? Difficile à dire.
Crédit photo : David Gauduchon

 

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Magazine n°77 - juin-juillet-août 2020

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